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Portraits RH : AirFrance (Gestes & situations)

Dernière mise à jour : 11 sept. 2019


Bienvenue dans le troisième article de notre dossier “Portraits VR” - une série d’articles dans lesquels nous présentons des précurseurs qui explorent l’usage de la Réalité Virtuelle dans leurs entreprises respectives, et qui ont fait le choix d’un cas d’usage bien particulier.


Cette semaine, nous partons à la rencontre d’Alexandre Chiriac, Responsable digital learning et innovations pédagogiques du Personnel Navigant chez Air France et de Denis Clément, Responsable développement formation digitalisation innovation chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance.


Une technologie profondément inscrite dans la stratégie de formation d'Air France


La réalité virtuelle est utilisée par les équipes d’Air France depuis près de 5 ans, et son implémentation découle d’une approche très pragmatique, que cela soit du côté du personnel navigant ou de celui des équipes engineering & maintenance.


Alexandre Chiriac : “Notre personnel naviguant est particulier car il est nomade, et ne se rend quasiment jamais au siège, sauf pour un entretien annuel et une visite médicale, les autres rendez-vous étant dédiés aux formations. Chaque personne suit en moyenne 5 jours de formation en présentiel par an, avec de l’e-learning en prérequis. Pour les pilotes, l’obligation de formations est encore plus dense : ils effectuent 17 jours de formation par an. Au vu de cette situation, nous nous sommes posé la question : comment réduire le coût et le temps de l’immobilisation d’un pilote au sol et le gros investissement que représente l’achat d’un simulateur de vol ? Nous avons décidé de développer des modules de formation à distance et de les créer sur des modalités plus légères, des formations délivrables via des casques de réalité virtuelle. C’est pour cette raison que nous avons commencé à explorer cette technologie il y a 7 ans.”

Denis Clément : “En 2014, nous devions former tout notre personnel technique à un nouvel avion qui rejoignait notre flotte, le 787, mais l’avion n’était pas encore arrivé, impossible donc de former le personnel ! C’était une situation d’autant plus compliquée que l’autorité européenne nous imposait de réaliser des formations très pratiques avant la mise en service de l’avion. Nous avons donc développé tout un package de formations en 3D / VR. Après avoir constaté la portée de ce nouveau catalogue et son bon accueil auprès des collaborateurs, nous avons décidé de pousser plus loin le concept et de généraliser l’immersive learning dans notre structure.”

Une stratégie d’autant plus gagnante que les formations des techniciens sont très longues (environ 8 semaines de travail, après avoir acquis de l’expérience terrain) et soumises à des autorités de tutelle sévères et exigeantes. La réalité virtuelle permet dans ce cadre non seulement de réduire le temps passé par chaque apprenant sur ses formations, mais également de réduire les coûts de structure liés à ces formations (plus besoin de déplacer les apprenants sur site, ou d’immobiliser des appareils et lieux (hangars, avions) pour les besoins de ces formations.


Donner le droit à l’exploration et à l’erreur dans des environnements sécurisés


Les formations du personnel naviguant Air France se caractérisent par la nécessité d’une immersion profonde : chaque collaborateur doit parfaitement connaître les fonctionnalités de la cabine des avions dans lesquels il ou elle navigue, ce qui nécessite un long travail de familiarisation avec chaque appareil. “La VR dans les produits que nous avons créé en navigation libre permet à chaque membre du personnel de décider de son rythme pour inspecter les sièges, les espaces de repos, le robinet d’arrêt, ... Chacun se déplace comme il le souhaite, peut rester une minute comme une demi heure. Nous avons également rajouté directement dans l’environnement VR des tests qui se présentent sous forme de FAQ“, commente Alexandre Chiriac.


Au-delà de l’inspection et de la réflection du réel, les équipes d’Alexandre Chiriac sont allées plus loin dans les environnements développés en tant que supports de formation : “Nous avons développé d’autres produits pour le personnel navigant commercial, qui les teste sur des situations de crise. Par exemple, l’apprenant se retrouve confronté à une fuite dans les toilettes, et doit éponger, suivre la procédure avec l’aide de manettes haptiques qui lui envoient des signaux en temps réel, et à la fin il ya un checkup pour voir si il a oublié quelque chose. Nous avons développé sur le même principe une formation en cas de feu dans la zone de repos, ou d'amerrissage, en pleine mer sur le canot de sauvetage, avec un test sur chacun, des différents éléments à mettre en place”, complète-t-il.


Ces simulations de situation de crise seraient évidemment trop coûteuses à reproduire de manière réaliste dans un environnement réel, et la VR permet tout de même de maximiser l’ancrage mémoriel sur des exercices difficiles, grâce à la pratique du geste et la sensation de présence et d’immersion dans la situation qu’elle représente.


Comme le souligne Denis Clément, la VR est également un support pratique et performant en cas de contraintes extérieures appliquées sur la formation. La société Air France est soumise a de lourdes réglementations, et se doit de rendre des comptes à plusieurs autorités de tutelle, au niveau français (DGAC), européen (EASA) et mondial (YATA) pour assurer la bonne intégration par les apprenants de ses formations. “Avec cette obligation en tête, nous avons créé des environnements de postes de pilotage d’avion et de la scénarisation pour former nos collaborateurs à la mise en route d’un réacteur. Le résultat a été un outil de formation dans lequel deux personnes travaillent en collaboration et sont accompagnées par un formateur : 3 personnes sont donc immergées.” Les 2 apprenants sont équipés de masques, tandis que le formateur les suit au travers d’écrans de contrôle, leur ajoute de la difficulté en fonction du contexte, et leur délivre du feedback à la fin de la formation. L’idée derrière ce programme est d’amener les apprenants à développer des automatismes attendus dans la vraie vie, dans la réalité, tout en respectant les exigences des différentes autorités de tutelle.


Perspectives

La formation chez Air France n’est pas une mince affaire : “Nos 1200 modules ont été utilisés au moins une fois par chaque apprenant car ils sont obligatoires”, précise Alexandre Chiriac. “Je pense qu’à ce titre la VR est importante et apporte un plus dans les formations pratiques car elle permet de recréer à moindre coût des environnements compliqués voire dangereux à l’échelle, mais à mon sens elle n’est pas un substitut à la formation, plutôt un complément qui vient s’intégrer et enrichir une stratégie de blended learning.“


Denis Clément complète : “Cette technologie nous a obligé à revoir complètement notre méthode pédagogique. Nous avons dû re-découper complètement les séquences de formation pratique (à faire en virtuel) et les séparer de la théorie, tout en imposant une nouvelle contrainte : pas plus de 15 à 20 minutes dans l’environnement virtuel. Avant cela, nous avions une formation théorique qui durait environ 4h puis 4h de simulateur de vol. La VR change la donne par son format court ! Nous nous sommes aussi rendus compte que nous ne sommes pas tous égaux devant l’apprentissage de la digitalisation : certaines personnes entrent dans un environnement immersif sans se poser de questions, tandis que d’autres ont un peu plus de difficultés. Mais même ceux étant plus réfractaires à la technologie, reviennent sur des jugements plus modérés une fois confrontés au produit.”

C’est donc peut être là que repose l’une des grandes valeurs de la VR : dans la démocratisation de l’apprentissage, par l’immersion. Peu importe le profil de l’apprenant, son rythme et ses modalités d’apprentissage - l’expérience d’un environnement immersif est un moment personnel, qui s’adapte à chacun et rend l’apprenant maître de sa formation.





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